The Hungry Brain - analyse (1)
- floredieteticienne
- 29 oct.
- 2 min de lecture

đââïžââĄïž Augmenter lâactivitĂ© physique
đ Manger moins gras et moins sucrĂ©
đ· Eviter lâalcoolâŠ
Dans lâintroduction de son livre « The hungry brain », Stephan Guyenet, docteur et chercheur en neurosciences fustige les recommandations officielles en matiĂšre de santĂ© publique, en dĂ©nonçant leur inefficacité : « savoir » nâest pas « agir ». Autrement dit, les conseils nutritionnels sâappuient sur une logique rationnelle, dĂ©connectĂ©e de celle qui sous-tend nos comportements rĂ©els, manquant ainsi leur objectif.
Sâensuivent plusieurs centaines de pages passionnantes, vulgarisant des donnĂ©es scientifiques sur le fonctionnement du cerveau et du comportement alimentaire.
En tant que diĂ©tĂ©ticienne, la partie finale « Outsmarting the hungry brain » (dont « DĂ©jouer le cerveau affamé » serait une bien pauvre traduction) mâintĂ©ressait particuliĂšrement : elle synthĂ©tise des recommandations dâactions basĂ©es sur les enseignements prĂ©cĂ©demment prĂ©sentĂ©s.
Elle commence â MERCI ! â par considĂ©rer les mesures collectives possibles pour modifier notre environnement Ă tous : labels nutritionnels, contre-marketing, taxes sur certains produits agro-industriels, allocation des subventions, rĂ©glementation de la publicitĂ©... (NB : cette partie nâĂ©tant pas lâobjet du livre, elle est assez peu dĂ©veloppĂ©e et argumentĂ©e ; je serai preneuse de toute rĂ©fĂ©rence concernant lâĂ©valuation de lâefficacitĂ© des politiques de santĂ© publiques ciblant lâobĂ©sitĂ© Ă travers le monde.)
Et elle enchaĂźne avec les mesures possibles au niveau individuel. La premiĂšre : « fix your food environment » (corrigez votre environnement alimentaire), qui se traduit concrĂštement par une premiĂšre mesure : se dĂ©barrasser ou Ă©viter (Ă la maison et au travail) tous les aliments source de tentation (sont citĂ©s comme exemples : chips, cookies, noix salĂ©es, glacesâŠ).
LĂ , jâavoue que je mâinterroge.
1)     Ne retombe-t-on pas exactement dans le mĂȘme travers que les recommandations officielles pointĂ©es du doigt en introduction ? OK, câest un poil plus opĂ©rationnel, et on sort (un peu) de lâhyper-responsabilisation individuelle de la consommation. Exit le discours hypocrite « évitez de manger des produits disponibles partout et marketĂ©s Ă outrance », pour faire place à « ces produits sont faits pour ĂȘtre attirants et consommĂ©s en grandes quantitĂ©s, donc pour votre santĂ©, mieux vaut rĂ©duire votre exposition ; en nâen ayant pas chez vous, la tentation â et donc la consommation â sera moindre. »
 Mais de façon opĂ©rationnelle, cela ne revient-il pas exactement au mĂȘme ? Dans les rayons des supermarchĂ©s, savoir quâon doit rĂ©sister Ă la tentation dâachat « pour ne pas en manger » ou « pour ne pas en avoir chez soi » reste, me semble-t-il un conseil santĂ© rationnel qui ne sâadresse pas au bon circuit.
2)     Par ailleurs, ce conseil ne se prĂ©occupe pas des effets pervers liĂ©s Ă la restriction cognitive quâil pourrait induire, et, chez certaines personnes, risque tout autant que son homologue « officiel » de paver (ou dâentretenir) un chemin vers les TCA.
En effet, de mon expĂ©rience clinique, le meilleur moyen de limiter la consommation de ces produits chez les patients souffrant de TCA reste leur dĂ©diabolisation. Changer des habitudes alimentaires ne me semble (potentiellement) accessible que dans le cadre dâun rapport Ă lâalimentation apaisĂ© â et mĂ©riterait surtout dâĂȘtre favorisĂ© par des mesures collectives que jâimagine beaucoup plus puissantes.
Et vous, quâen pensez-vous ?
NB : ce livre reste malgrĂ© tout extrĂȘmement riche, et jâespĂšre vous proposer bientĂŽt des analyses et rĂ©flexions complĂ©mentaires ciblĂ©es sur dâautres points dâintĂ©rĂȘt.




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